Le Voleur dOr (Золотой вор) - Страница 92

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« Fantômas ne vient pas là pour voler, mais pour compromettre Léon Drapier par une première aventure singulière. Que fait-il donc ? Il tue Firmain, dont il connaît la parenté avec Paulette de Valmondois !

« Enquêtes, comme vous le savez, découverte des faux certificats rédigés par Paulette… Je ne reviendrai pas sur ces faits ! Léon Drapier, furieux, se rend chez sa maîtresse et lui fait une scène violente.

« Paulette s’écarte un instant de son amant… Que se passe-t-il alors ? Fantômas, qui était dissimulé dans l’appartement, l’ajuste d’un coup de revolver, pour faire croire que c’est Léon Drapier qui vient de l’assassiner !

« La malheureuse femme ne meurt pas, Fantômas lui envoie son enfant lui porter des fleurs empoisonnées !

« Vous allez me dire, monsieur Mix : “Pourquoi tout cela ?” Je vous répondrai : pour compromettre Léon Drapier ! Pour que cet homme aux abois, terrifié à l’idée qu’un scandale va éclater, épouvanté en songeant que peut-être sa femme apprendra qu’il a une maîtresse, ne sache plus à quel saint se vouer… Qu’il finisse par confier la défense de son innocence au premier homme qui se présentera !

« Cet homme se présente !

« M. Mix, il arrive à point nommé !…

« Il dit à Léon Drapier, au moment où celui-ci est dans un état de dépression morale absolue : “Mon cher monsieur ! vous êtes perdu si je ne vous sauve pas !…”

« Cet homme, aidé de Léon Drapier, lui fait faire une quantité de bêtises qui, loin de l’innocenter, le compromettent !

« Drapier, toutefois, ne s’aperçoit de rien. Il a engagé ce personnage au nombre de ses collaborateurs les plus intimes, il l’introduit à la Monnaie. Ah ! c’est ce que voulait Fantômas !

« Vous m’avez compris, monsieur Mix ? Le protecteur de Léon Drapier et Fantômas ne font qu’un !

« Une fois Fantômas à la Monnaie, il vole ! Il se trouve que chacun des vols qu’il commet retombe sur Léon Drapier, et dans l’espèce Fantômas n’a pas trop mal agi, car les autorités policières les plus intelligentes se disent, non sans justesse :

« Parbleu, cet homme qui dérobe les trésors dont il a la garde et que nous avons déjà suspecté d’attitude bizarre lors des crimes commis dans son entourage est parfaitement capable d’être un voleur et un assassin… Il faut donc l’arrêter !

« Et c’est ce que l’on fait, monsieur Mix ! Toutefois, je dois vous dire que les plus subtils raisonnements risquent parfois de se désagréger à la moindre petite faute, le moindre petit incident !

« Certes, Fantômas est un homme habile ! Certes ! il est capable des combinaisons les plus machiavéliques, mais il ne faut pas qu’il oublie qu’il a sans cesse et toujours à ses trousses un adversaire irréductible et implacable ! Il ne faut pas que Fantômas oublie que moi, Juve, je suis toujours là !

Mais, à ce moment, M. Mix se redressait.

Et, d’une voix tonitruante, il hurla :

— Fantômas ne l’oublie pas, Juve ! et Fantômas n’a pas peur de vous !

Pendant tout le temps que Juve avait parlé, celui qui passait pour être M. Mix était demeuré impassible… Toutefois son visage avait quelque peu pâli !

En l’espace de quelques secondes, en effet, le célèbre inspecteur de la Sûreté avait démasqué le bandit et prouvé de la façon la plus formelle que M. Mix et Fantômas ne faisaient qu’un !

Juve, dès lors, se précipitait vers Fantômas, lequel s’était reculé jusqu’au mur. Il braquait sur lui son revolver. Le bandit fouilla sa poche, comptant y trouver une arme… Ce fut en vain !

Fantômas aussitôt devint blafard !

— Malédiction ! grommela-t-il, Juve m’a volé !

Le policier n’abaissait point son arme.

— Je vous ai volé, en effet, fit-il, et je m’en vante ! J’ai acquis une certaine habitude du vol à la tire, dans un milieu que je fréquente depuis quelque temps ! Je me félicite d’avoir débuté par des exercices, par des vols commis sur la personne de Fantômas !

« Vous voilà donc hors d’état de nuire ! Tenu en respect sous la menace de mon revolver…

« Le vôtre est dans ma poche. N’essayez point de venir l’y prendre ! Je possède également votre portefeuille, Fantômas ! Allons ! allons ! tout va bien !…

« Il ne vous reste plus qu’à vous rendre !

— Jamais ! commença Fantômas.

Mais à ce moment le bandit poussait un cri rauque. Il trébuchait en arrière ; le mur contre lequel il s’était appuyé venait, semblait-il, de s’effondrer sous la poussée ! En réalité, c’était la porte dissimulée dans la boiserie qui s’ouvrait, et M. Havard surgissait !

Le chef de la Sûreté n’était pas de ces hommes qui dédaignent d’agir par eux-mêmes !

Profitant du désarroi de Fantômas et de la chute qu’il faisait en arrière, aidé de Juve qui bondissait sur lui à son tour, M. Havard, en l’espace d’un clin d’œil, passait au célèbre inspecteur des menottes et un cabriolet, qui servaient à Juve pour immobiliser Fantômas !

Désormais le redoutable bandit était pris ! réduit à l’impuissance ! presque à l’immobilité !

Juve et Havard l’avaient obligé à se relever, ils le considéraient les yeux dans les yeux, haletants.

Nul ne proférait une parole. Au surplus qu’auraient-ils pu dire, dans ce tragique tête-à-tête où trois hommes se trouvaient en présence, parmi lesquels deux implacables adversaires, Juve et Fantômas ?

Il semblait toutefois que le bandit était capturé… bien capturé, et que désormais on pouvait être assuré que les précautions les plus grandes seraient prises pour qu’il ne s’échappât point !

Les trois hommes frémissaient. Fantômas toutefois, après son émotion première, laissait errer sur ses lèvres un sourire railleur.

— Eh bien, interrogea-t-il, que faisons-nous ici ?

M. Havard toutefois félicitait le policier :

— Je comprends, maintenant, fit-il, tout votre plan ! Vous aviez démasqué Fantômas depuis quarante-huit heures, et vous vouliez l’arrêter ici, chez moi ! C’est bien, Juve ! Je vous félicite ! Je comprends également, ajoutait le chef de la Sûreté, pourquoi vous avez fait venir cette voiture cellulaire qui doit être actuellement à la porte de ma demeure. C’est pour lui confier Fantômas ?

— Confier, n’est pas le mot ! fit Juve. Je me propose, monsieur le chef de la Sûreté, d’accompagner notre prisonnier jusqu’à la Santé dans cette voiture cellulaire !

« Fantômas est un homme habile… Je me plais à le reconnaître, et je tiens à le surveiller jusqu’au cachot !

M. Havard exultait.

— Je vous accompagnerai Juve, et peut-être ne serons-nous pas trop de deux pour surveiller le bandit !

Havard se précipitait sur l’appareil téléphonique, demandait la communication avec la permanence de la préfecture. Il entrait en rapport avec l’inspecteur Michel.

— Une capture intéressante ! criait-il ; venez d’urgence à la prison de la Santé, avec votre collègue Léon !

Fantômas avait entendu cela. Ironiquement, il railla :

— Que de précautions, messieurs ! Vraiment on dirait que vous avez bien peur de moi !…

M. Havard ne daignait point répondre. Quant à Juve, haussant les épaules, il se contentait d’articuler :

— Allons ! en route ! Descendons !

L’escalier était large. Ce fut un spectacle tragique que celui de ces trois hommes qui le descendaient lentement. Fantômas s’avançait les mains liées derrière le dos, étroitement maintenu par Juve et par Havard, qui se tenaient de part et d’autre devant lui…

Il semblait que tout d’un coup, depuis qu’on descendait l’escalier, le Génie du crime avait compris qu’il était arrêté, que sa capture était chose faite et que, malgré toute son intelligence et sa volonté, il ne saurait triompher d’une solide paire de menottes, d’un robuste cabriolet ! Son visage avait quelque chose de sinistre et de farouche ; une expression qui n’échappait ni à Juve, ni à Havard…

Les trois hommes passaient inaperçus devant la loge enfumée du concierge, petite soupente qui, dans cette vieille maison, donnait sur la cour.

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