Le Voleur dOr (Золотой вор) - Страница 91

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— Pas du tout, précisa Juve, je vous affirme qu’il est pour moi !

Les deux hommes se regardaient comme deux adversaires qui se cherchent. Ils voulaient respectivement lire leurs pensées dans leurs yeux et tous deux avaient évidemment l’habitude de dissimuler leurs sentiments, car ils restaient impénétrables l’un pour l’autre.

Juve, cependant, reprenait la parole :

— Monsieur Mix, vous avez rendez-vous avec M. Havard, ce soir à son domicile ?

— En effet !

Juve continuait :

— M. Havard m’a chargé de l’excuser auprès de vous s’il est en retard de quelques instants, mais, vous savez, un chef de la Sûreté ne fait pas du tout ce qu’il veut ! Vous êtes au courant d’ailleurs des choses de la police étant vous-même détective privé et, si je ne me trompe, sur le point de devenir mon collègue en qualité d’inspecteur de la Sûreté ?

— En effet, monsieur ! articula Mix.

Juve se faisait de plus en plus aimable :

— Tous mes compliments ! dit-il.

Il désignait un siège à son interlocuteur, mais, au moment où celui-ci allait s’asseoir, Juve, brusquement, se précipitait sur lui.

— Je suis un bien mauvais maître de maison ! fit-il. Il est vrai que je le suis par intérim ! En tout cas je m’excuse, M. Mix, de ne pas vous avoir invité à ôter votre pardessus ! Il fait une chaleur ici… M. le chef de la Sûreté est d’un frileux… Permettez que je vous aide ?

Et, sans attendre de réponse, Juve obligeait pour ainsi dire le détective privé à quitter son pardessus.

Certes, à ce moment, si M. Havard regardait par le trou percé dans le mur, il voyait quelque chose de bien extraordinaire…

En même temps que Juve, aimablement, posait le pardessus de M. Mix, il le dépouillait du portefeuille que celui-ci avait dans la poche intérieure de son veston !

Et cela était fait, d’ailleurs, avec une rapidité telle, une habileté si grande, qu’il était à peu près impossible de s’en apercevoir !

M. Mix n’avait rien remarqué, il s’asseyait dans un fauteuil ; Juve se mettait en face de lui.

Il y eut un léger silence, après quoi le célèbre inspecteur, considérant son interlocuteur, se mit à bavarder.

— Quelle étrange affaire, n’est-ce pas, monsieur Mix, que celle du directeur de la Monnaie qui vient de s’achever par l’arrestation de M. Léon Drapier ?

— En effet ! déclara Mix.

Juve poursuivit :

— Ce qui me paraît fort original dans cette aventure, c’est que ce soit un homme qui, comme vous, monsieur Mix, était tout d’abord préoccupé de prouver l’innocence de Léon Drapier, qui soit la cause, en somme, en définitive, de l’arrestation de ce dernier !

— Évidemment ! reconnut Mix d’un air évasif. J’avais cru à son innocence, mais M. le chef de la Sûreté m’a démontré sa culpabilité et, comme je suis un honnête homme, que je cherche surtout le châtiment des coupables, je n’ai pas cru devoir m’opposer à l’arrestation de M. Léon Drapier, bien au contraire !

Juve fixait dans les yeux M. Mix.

— Croyez-vous cependant que Léon Drapier soit réellement un voleur ? réellement un assassin ?

— Je le crois ! naturellement ! fit Mix interloqué.

— Eh bien, dit Juve en se levant, moi je ne partage pas votre opinion !

— Vraiment ! dit-il ; expliquez-vous…

— C’est ce que je vais faire ! poursuivit Juve, mais auparavant, monsieur Mix, acceptez une cigarette ; M. Havard, qui est fumeur, ne verra aucun inconvénient à ce que nous remplissions son cabinet de fumée en l’attendant !

Juve venait d’ouvrir son étui à cigarettes, il le présentait à son interlocuteur ; mais, au moment où celui-ci, de sa main droite, puisait dans l’étui, Juve, qui le présentait à plat sous le visage de Mix, comme pour masquer ses propres mains à lui, effleurait la poche de Mix et en extrayait un browning qu’il mettait dans la sienne !

Décidément Juve était passé maître en l’art du vol à la tire, car Mix, détective privé, policier de métier, du moins il le disait, ne s’apercevait absolument de rien.

Les cigarettes ayant été allumées, Juve reprit :

— Je commence par vous dire, monsieur Mix, que je ne crois pas à la culpabilité de Léon Drapier, pour cette bonne raison que cet homme riche et tranquille n’avait aucun motif pour commettre un assassinat et voler, ensuite, l’établissement dont il était le directeur !

— Pardon, fit Mix, peut-être était-il jaloux de ce Firmain qu’il croyait être l’amant de sa maîtresse ?

— Non ! fit Juve, il ne le connaissait pas et il ignorait, au moment du crime, que Firmain connût Paulette de Valmondois !

Mix insistait :

— M. Léon Drapier, cependant, était chez lui à l’heure du crime, et il a déclaré n’avoir rien entendu de ce qui s’est passé ! Ce qui paraît bien étrange.

— M. Drapier n’était pas chez lui ! rétorqua Juve, il était chez sa maîtresse, cette nuit-là, tout entière !

— C’est à prouver ! gronda Mix.

— C’est tout prouvé, déclara Juve, il a été vu par la concierge de la rue Blanche à l’heure précise où X… assassinait Firmain !

M. Mix tourna la tête, puis il articula :

— Vous parlez de la rue Blanche… Paulette de Valmondois y a reçu un coup de revolver… Qui donc a tiré avec ce revolver si ce n’est Léon Drapier ?

— Oh ! c’est bien simple, rétorqua Juve, ce n’est pas Léon Drapier, c’est X…

— Voyons, monsieur, fit le détective privé, parlons alors du vol, des vols si vous voulez bien. Il apparaît nettement que c’est Léon Drapier qui volait, dans les caves de l’hôtel des Monnaies, puisqu’on y a relevé ses traces.

— Cela ne prouve rien ! fit Juve, X…, le véritable voleur, s’est introduit à maintes reprises dans ces caves, mais il a eu soin, chaque fois, de faire disparaître les traces de son passage. Un voleur prend toujours ses précautions !… Un honnête homme laissera derrière lui les charges les plus accablantes, car il ne se méfie pas…

— Mais enfin, articula M. Mix, si vous croyez que Léon Drapier est innocent, qui donc soupçonnez-vous ?

Alors Juve, nettement, considérant son interlocuteur dans les yeux, déclara d’une voix brève et sèche :

— Qui je soupçonne ? toujours le même bandit ! toujours le même audacieux criminel, toujours le même monstre de cruauté et de duplicité ! Je soupçonne Fantômas d’être l’auteur de ces crimes et de ces vols !

Mix sursauta :

— Fantômas ! dites-vous ? Pourquoi Fantômas ?

— Parce que, déclara Juve, dans toute cette affaire, je reconnais la façon de procéder de Fantômas ; le sinistre bandit n’aime guère jouer à visage découvert !

« Pour détourner les soupçons il a l’habitude de compromettre un honnête homme et de faire tomber sur lui toutes les responsabilités.

— Dans les hypothèses formulées à l’heure actuelle, rien ne justifie l’attitude de Léon Drapier, accusé d’être le coupable… Rien n’explique pourquoi Léon Drapier se serait fait assassin…

« Mais, monsieur Mix, mêlez Fantômas à l’affaire, et vous verrez comme tout devient lumineux !

« Fantômas a besoin d’argent, il veut se procurer de grosses sommes et se dit qu’il va voler dans les caves de l’hôtel des Monnaies…

« La chose n’est pas facile… Il faut pour y parvenir avoir ses grandes et petites entrées dans la maison. Comment faire ?

« Fantômas ne va pas directement au but, car ses intentions seraient alors trop faciles à découvrir…

« Fantômas se dit qu’avant d’attaquer une place forte, il faut en connaître le point faible, tout au moins le point le plus accessible…

« Fantômas est en relations avec un certain individu d’une allure très louche et qui a été jadis valet de chambre ; il va l’employer…

« Précisément, le couple Drapier cherche un domestique. Fantômas fait embaucher son homme, Firmain… et, pour détourner les soupçons de cet homme, lui dit :

« “Tu m’ouvriras dans la nuit, afin que nous puissions cambrioler ensemble !”

« “D’accord !” répond Firmain. Le faux domestique entre dans la place, s’entend avec Fantômas et précisément, M. Drapier étant absent, Firmain ouvre à Fantômas !

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