Le Voleur dOr (Золотой вор) - Страница 84

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— Écoutez ! fit-il.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Des bruits… Je viens d’entendre quelque chose, on circule à l’étage au-dessous, on vient de notre côté…

— Eh bien ! déclara Léon Drapier, cela ne peut être que des gens de la maison ou de la police, nous n’avons pas à nous cacher !

— Au contraire ! s’écria Mix, il faut nous dissimuler au plus vite ! Il faut que l’on ignore absolument que c’est nous qui sommes venus par ici. Songez donc, nous avons pénétré incognito dans l’hôtel des Monnaies ; si l’on nous suspectait l’un et l’autre d’être les voleurs, nous n’aurions aucune excuse !

Le directeur pâlissait.

— Vous avez raison ! dit-il. C’est une maladresse extrême que nous avons commise ! Ah ! Mix, pourquoi m’avez-vous engagé dans cette aventure ?

Le détective interrompait net d’un geste.

— Il ne s’agit pas de discuter, mais d’aviser et d’agir. Écoutez-moi, faite ce que je vais vous dire, et je vous tire d’affaire !

Puis, sans attendre de réponse, il poussait Léon Drapier vers la fenêtre.

— Descendez le plus rapidement possible et, sitôt dans la rue Guénégaud, enfuyez-vous, rentrez à votre domicile… Vous pénétrerez chez vous par l’escalier de service, car il se peut que l’on surveille le grand escalier ; vous feindrez, lorsque vous serez dans votre appartement, si vous entendez quelque bruit, d’avoir peur d’une agression, et vous vous avancerez le revolver au poing !

— Mais… commençait à interroger Léon Drapier, pourquoi ?

— Parce que c’est nécessaire ! ordonna péremptoirement Mix.

Il ajoutait, cependant que Drapier enjambait déjà la fenêtre :

— Ah ! au fait ! J’oubliais ! Il se peut que le chef de la Sûreté vienne vous trouver et vous demande pourquoi vous ne l’avez pas attendu chez vous : vous lui répondrez que vous n’avez pas quitté votre appartement ! N’ayez crainte, je vous expliquerai tout cela plus tard !

Telles étaient les dernières paroles qu’avaient échangées les deux hommes. Léon Drapier, confiant dans les conseils du détective, s’était laissé glisser le long du tuyau de gouttière ; il arrivait rue Guénégaud les vêtements déchirés, le visage meurtri, les mains en sang, mais nul ne l’avait remarqué.

Et, dès lors, se mettant à courir, Léon Drapier rentrait chez lui.

Quant à Mix, demeuré dans les combles de l’hôtel des Monnaies, il se mettait à marcher à grands pas sur le plancher du grenier.

Il le faisait évidemment exprès pour attirer l’attention car, à l’étage au-dessous, des voix se faisaient entendre, et le bruit d’une course précipitée.

Mix, retenant son haleine, attendait derrière une porte que l’on montât jusqu’à l’étage où il se trouvait, puis, au moment où l’on allait enfoncer cette porte, il bondissait par une autre qu’il venait d’entrouvrir et descendait par un escalier opposé à celui dans lequel se trouvaient les gens.

Au bout de dix minutes, M. Havard, accompagné de deux inspecteurs et du chef de la surveillance de l’hôtel des Monnaies, descendait des combles et arrivait dans le couloir des bureaux.

— C’est extraordinaire, disait le chef de la Sûreté, que nous n’ayons pas pu pincer le voleur. Car il n’y pas de doute, il était tout à l’heure dans ce grenier et la lucarne dont le carreau est brisé prouve qu’il s’est enfui par le fenêtre. Léon et Michel se sont imaginé qu’il s’était caché sur le toit, ils se sont précipités à sa recherche, ils n’ont trouvé personne. C’est donc que l’homme est descendu dans la rue Guénégaud le long du tuyau de gouttière. Mais alors, il a dû faire joliment vite, parce qu’il ne s’est certainement pas écoulé plus de trente secondes entre le moment où nous l’avons entendu derrière la porte du grenier et l’instant où nous sommes arrivés dans ce grenier.

Le chef de la Sûreté toutefois s’arrêtait de parler. Au moment où il arrivait dans le couloir du bureau, un homme qui paraissait sommeiller sur une banquette, se leva :

— Monsieur Mix ! s’écria le chef de la Sûreté.

C’était en effet le détective.

Il étouffa un bâillement, il parut s’arracher au sommeil, phénomène étrange en vérité pour quiconque aurait su que, quelques secondes auparavant, Mix était arrivé haletant dans ce couloir et avait juste eu le temps de s’étendre sur la banquette avant de la quitter pour voir le chef de la Sûreté.

— C’est moi, en effet, déclara-t-il, d’une voix calme et tranquille, cependant qu’il s’inclinait respectueusement devant M. Havard.

Celui-ci, naïvement, proféra :

— Vous sortez donc de dessous terre, monsieur Mix ! Nous étions dans ce couloir il y a environ dix minutes, et nous ne vous avons pas remarqué !

— Moi non plus, fit le détective, et je sais pourquoi en ce qui me concerne. C’est que je dormais.

— Vous ne dormiez pas sur cette banquette ?

— Je dormais à l’intérieur, fit Mix. J’ai découvert que cette banquette était un coffre et qu’on s’y pouvait dissimuler à merveille. Vous n’ignorez pas, monsieur le chef de la Sûreté, que moi aussi je cherche, pour mon compte, l’auteur des mystérieux vols. Il y a quelques instants, je suis sorti de ce coffre, ayant un peu chaud, je me suis étendu dessus, espérant reposer en paix, car je suis très fatigué… Vous ne m’en avez pas laissé le loisir !

— Je le regrette, fit d’un ton bourru le chef de la Sûreté, nous avons autre chose à faire ici qu’à dormir. Le voleur vient de nous échapper en se sauvant par les toits, il y a quelques instants à peine.

— Vraiment ! fit Mix, et d’où venait-il donc ?

— Ma foi, déclara le chef de la Sûreté, je n’en sais rien ; des combles de l’immeuble, je crois.

— Vraiment ! fit encore Mix en réfléchissant.

Et il ajoutait, sceptique :

— Ce n’est pourtant pas dans les combles qu’on l’on vole, mais dans les caves !

— C’est vrai, reconnut le chef de la Sûreté.

Et soudain il se tournait vers Léon et Michel.

— Le propos que vient de tenir M. Mix m’ouvre des horizons, messieurs. Il est évident que le voleur a dû être dérangé au moment où nous sommes intervenus, peut-être se rendait-il dans la cave, peut-être même en revenait-il. Il serait bon d’y aller voir, dans le cas où il aurait laissé des complices au fond de ce sous-sol.

— Voire même… insinua mystérieusement Mix.

— Voire même quoi ? interrogea le chef de la Sûreté.

— Eh bien, fit le détective privé, voire même des traces, par exemple, vous permettant d’identifier, sinon sa personnalité absolue, du moins quelque chose d’approchant.

Havard posa ses deux mains sur les épaules de Mix.

— Monsieur, fit-il, je n’avais pas l’honneur de vous connaître jusqu’à présent, mais plus je vous fréquente et plus je vous apprécie. Votre idée est excellente, nous allons descendre ! Venez-vous avec nous ?

Quelques instants après, le petit groupe d’hommes était dans les sous-sols. La première chose qu’ils constataient, en s’approchant de la cuve placée à proximité du tuyau percé par lequel Fantômas faisait disparaître les louis d’or, c’est que la cuve était aux deux tiers vide.

— L’or ! s’écria le chef de la surveillance, que l’on avait apporté cet après-midi, a presque entièrement disparu !

Le chef de la Sûreté et ses inspecteurs se considéraient abasourdis.

Mix ne disait rien et, sans en avoir l’air, il orientait vers le sol le faisceau lumineux de sa lampe électrique. Machinalement, les yeux des personnes présentes suivaient le faisceau électrique.

Tout d’un coup, M. Havard poussa un cri :

— Des empreintes ! s’écria-t-il. Voici des empreintes toutes fraîches ! Quelqu’un s’est promené dans cette cave, il n’y a pas longtemps !

— D’autant moins longtemps, articula le chef de la surveillance, que j’ai fait ratisser le sol à six heures ce soir, au moment où l’on venait d’apporter les louis d’or qui ont disparu désormais de la cuve auprès de laquelle nous nous trouvons.

Il était environ sept heures du matin et, dans le cabinet de M. Havard, au quai des Orfèvres, se tenait une mystérieuse conférence.

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