Le mariage de Fantomas (Свадьба Фантомаса) - Страница 67

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— Mais, comment se fait-il que jusqu’à présent personne n’ait eu cette idée ? Je ne comprends pas que moi-même, lorsque j’ai eu des vêtements semblables à ceux que nous possédons maintenant entre les mains, je n’ai point découvert cette baudruche qui, assurément, m’aurait fait comprendre.

— Cela s’explique, interrompit Juve, pour cette bonne raison que l’auteur du spectre à toujours pris la précaution de faire disparaître sa baudruche avant qu’on ne vienne se saisir des vêtements, sans quoi il est bien évident, Fandor, que le premier imbécile venu aurait trouvé ce que je viens de découvrir.

— Mais, pourquoi, la raison de tout cela ?

Juve, sans doute, allait répondre, lorsque des appels retentirent :

— Juve ! Où êtes-vous ?

Le policier accourut, suivi de Fandor. Les deux hommes arrivaient dans un groupe où se trouvaient le chef de la Sûreté, quelques agents de police, puis Léon et Michel. Ceux-ci maintenaient, soutenaient pour mieux dire, le grand fossoyeur Barnabé, plus terrifié, plus blafard encore que quelques instants auparavant :

— Cet homme est fou, grommelait Michel, je ne sais pas ce qu’il raconte, nous l’avons surpris au moment où il voulait sortir du cimetière, il n’a d’ailleurs pas opposé de résistance, bien au contraire. Lorsque nous nous sommes révélés à lui, il a paru satisfait, il nous a dit : « Venez, il faut agir au plus vite. »

— Oui, dit Barnabé. Peut-être est-il temps encore.

Et il entraîna les hommes.

M. Havard expliquait :

— C’est un des fossoyeurs attitrés du cimetière, il est évidemment très ému par l’assassinat de son collègue, le père Teulard, qu’il vient de voir tomber à ses pieds, frappé d’une balle.

Juve interrogeait Barnabé :

— Que voulez-vous faire ? demanda-t-il, pourquoi faut-il agir d’urgence ?

— Là ! dit Barnabé.

Et tout son corps tremblait tandis qu’il parlait :

— Il y a une femme enterrée vivante. Si l’on se dépêche, peut-être pourra-t-on… ?

Mais Léon et Michel avaient avisé aussitôt et, sur un signe de M. Havard, d’accord avec les agents qui se trouvaient là, ils prirent ces mêmes outils avec lesquels, une demi-heure auparavant, Teulard et Barnabé avaient enseveli Delphine Fargeaux.

Et Barnabé lui-même, renaissant à l’espoir, avait une large pelle et, déployant une vigueur extraordinaire, creusait la fosse qu’il avait lui-même si tragiquement comblée quelques instants plus tôt.

***

C’était un spectacle effroyable et tragique qui se déroulait dans une grande salle vide, mal éclairée : le hall d’entrée de la maison qui servait de conciergerie au cimetière et au premier étage duquel habitait le gardien.

Le sol était dallé de mosaïques noires et blanches, et sur ce sol, froid, glacial, humide, on avait étendu la grande horloge normande, toute saturée de terre humide ; le couvercle, depuis longtemps, était arraché, et de l’intérieur de cet extraordinaire cercueil, on avait bien retrouvé un être humain.

Les uns et les autres avaient reconnu Delphine Fargeaux.

Comment se trouvait-elle là ? Par suite de quelles effroyables circonstances la malheureuse femme avait-elle été enfermée dans cette bière d’un nouveau genre et ensevelie mystérieusement au milieu de la nuit ?

Devant son immobilité, à la vue de sa teinte cadavérique, M. Havard avait haussé les épaules :

— Parbleu, cette femme est morte, bien morte.

Comme beaucoup d’autres il songeait, en effet, qu’un simple séjour d’une demi-heure sous terre devait suffire à déterminer une asphyxie à laquelle la mort succédait forcément.

Mais un détail n’avait pas échappé à Juve. C’était l’insupportable odeur de chloroforme qui se dégageait des vêtements de la malheureuse. Le policier conservait un espoir, peut-être les fonctions du corps étant suspendues par le soporifique, la malheureuse ensevelie vivante, comme l’avait assuré Barnabé, pouvait être rappelée à la vie.

On était allé chercher un médecin. L’homme de l’art ne tarda pas. On écouta sa décision. Ce fut un cri de joie qui éclata lorsque, dans le silence du macabre local, le médecin déclara :

— Elle vit, nous la sauverons.

***

Quelques instants plus tard, Delphine Fargeaux était installée dans la chambre du gardien. La malheureuse femme était interrogée doucement par Juve, auprès de qui se trouvaient M. Havard et Fandor.

— Voyons, madame, dit le policier, essayez de vous souvenir, ranimez vos esprits, dites-nous ce qui vous est arrivé.

— Le cocher, dit Delphine, ah comme il sait bien rire. Comme c’est amusant. Mais, par exemple, pourquoi faut-il qu’il y ait des choses si froides autour de moi ?

Puis elle regardait le policier, les gens qui l’entouraient :

— Voici le jour, déclara-t-elle, l’aube qui se lève. Il n’y a plus de petite femme de Montmartre, c’est l’employée des pompes funèbres qui réapparaît.

Puis les menaçant du doigt, elle hurla, tragique :

— Je vous enterrerai tous, tous, tant que vous êtes, j’ai déjà pris vos mesures ! Je sais la grandeur des cercueils qu’il vous faut !

Delphine Fargeaux, voulut alors bondir hors de son lit, mais le docteur survint, la maintint.

Au bout de quelques instants la malheureuse, qui semblait exténuée, s’assoupit :

Et alors le docteur affirma :

— Cette femme est devenue folle.

28 – VERS LA LUMIÈRE

Le bilan de la nuit sinistre qui venait de se dérouler dans le cimetière Montmartre s’établissait de la façon suivante :

Il y avait un mort, une victime, des mystérieux coups de revolver avaient été tirés dans l’obscurité. Ce mort c’était le père Teulard. Toutefois, si le fossoyeur en chef avait succombé sous l’attaque directe de Fantômas, son collègue et complice de l’effroyable ensevelissement de Delphine Fargeaux avait échappé aux attaques du monstre, mais était néanmoins dans une fort mauvaise posture, car désormais vivant, mais prisonnier, il se voyait inculpé d’une grave accusation : celle d’avoir procédé consciemment à l’enterrement d’une personne vivante.

Au cours de la nuit tragique, les agents de M. Havard avaient procédé à quelques autres arrestations. On avait un peu au hasard envoyé au dépôt les rôdeurs, des gens plus ou moins recommandables, que l’on cueillait au passage, que l’on suspectait du seul fait qu’ils se trouvaient dans le voisinage des lieux dont Fantômas avait fait son quartier général.

Ces arrestations seraient-elles maintenues ? Si l’on s’en préoccupait fort peu à la Préfecture, on se posait la question avec anxiété dans la salle des dépôts où tout le monde avait été transféré.

Il y avait là des gens dont les noms ou les surnoms, lorsqu’ils seraient connus de Juve, ne laisseraient certes point d’impressionner vivement le policier. Les agents avaient arrêté en effet des gaillards tels que Mort-Subite, Bébé. Des femmes, connues parmi les apaches, pour être des moins recommandables, telles que la Choléra et Adèle. Enfin, on avait également envoyé au dépôt une paire d’amis qui, après avoir été séparés dans « le panier à salade », s’étaient retrouvés dans la salle commune des sous-sols de la Tour-Pointue, et s’en étaient congratulés avec une spontanéité touchante. C’étaient Bec-de-Gaz et Œil-de-Bœuf. Ils avaient donné la comédie à tous ceux qui les entouraient. Le gros Œil-de-Bœuf, larmoyant, était tombé dans les grands bras noueux de son gigantesque copain Bec-de-Gaz, et tous deux, éméchés d’ailleurs, protestaient à n’en plus finir de la sympathie qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre et de la joie qu’ils avaient à se retrouver.

***

Le lendemain matin, dès l’aube, Juve et M. Havard qui n’avaient pas pris un seul instant de repos se trouvaient dans un bureau de la Sûreté qui communiquait par l’intérieur du Palais avec le dépôt. Les deux hommes procédaient à de rapides enquêtes, désireux d’agir et d’interroger les individus arrêtés avant que le Parquet ne commette un juge d’instruction.

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