Le Cadavre Geant (Гигантский кадавр) - Страница 93

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Lehasard et l’audace du bandit les mettaient tous les deux face àface ; Fandor comprenait qu’ils allaient se livrer àun duel sans merci, il en était satisfait, s’enréjouissait !

Longtemps,à maintes reprises, le journaliste s’était ditqu’il serait bien heureux de trouver Fantômas dressédevant lui, Fantômas auquel il pourrait dire toute sa haine etson mépris, Fantômas qu’il pourrait abattre, commeun chien, à ses pieds !

Or,Fantômas était là, souriant, énigmatique,plein d’ironie, Fantômas, narquois et triomphant,semblait-il, Fantômas paraissait défier Fandor, etdésormais sortant la main de sa poche, tenant son revolver,croisant les bras sur sa poitrine.

— Sonaudace, pensa le journaliste, n’a décidément plusde limites ! Fantômas brave jusqu’aux balles dubrowning ! Eh bien, soit ! Il saura ce que ça luicoûte de ne pas se défendre, lorsqu’il est en facede Fandor !…

Maispourquoi donc le journaliste ne tirait-il pas son revolver ?

Pourquoidonc ne se précipitait-il pas sur son terrible adversaire ?

PourquoiFandor, résistant à l’incommensurable désirqu’il éprouvait de se jeter à la gorge deFantômas et de l’étreindre dans le cerclecontracté de ses doigts, oui, pourquoi Fandor ne bougeait-ilpas ?

Enl’espace de quelques secondes le journaliste cependant avaitenvisagé toutes les hypothèses !

Saconviction était faite.

Ilse savait en face de Fantômas. Il était bien sûrque le soi-disant professeur Marcus n’était autre que lesinistre bandit.

Cethomme-là, son père ?

Allonsdonc !

Hélas,Fandor, mieux que personne, savait qu’Étienne Rambertétait mort, mort dans ses bras, mort malheureusement,d’ailleurs, sans avoir pu confier à son fils le secretqui lui permettrait, à volonté, d’anéantirla puissance de Fantômas !

Fandor,cependant, s’était insurgé, révolté,contre l’audacieuse attitude de Fantômas, qui nonseulement dupait audacieusement Mme Rambert de sesmensonges, mais encore commettait le plus effroyable sacrilègeen prenant pour s’assurer la sympathie de la malheureuse femmedont il avait été le tortionnaire, le nom béniet respecté, de M. Étienne Rambert.

Oui,Fandor comprenait tout cela, il sentait dans sa poitrine son cœurbattre d’indignation, il avait des révoltes qui lefaisaient tressaillir des pieds à la tête, il crispaitses poings comme pour se retenir… mais Fandor ne se jetait passur Fantômas, ne se précipitait pas sur cet implacableennemi !

Pourquoidonc ?

Alorsque s’écoulaient ces instants formidables, que cettescène tragique, au plus haut point, se déroulait dansla modeste chambre occupée par Mme Rambert, lavoix de cette dernière avait doucement retenti ànouveau aux oreilles du journaliste…

Etsur un ton de surprise qui commençait à s’angoisser,Mme Rambert avait répété :

— Ehbien, mon enfant, qu’attends-tu donc puisque je te dis quec’est ton père qui est là ?

Dèslors Fandor avait compris…

S’ilrévélait à sa mère la véritableidentité de celui qui passait à ses yeux pour êtreÉtienne Rambert, s’il se précipitait surFantômas, l’arme au point, et démasquaitl’effroyable bandit, peut-être aurait-il raison dumonstre, mais à coup sûr il paierait cette victoire dela mort de sa mère !

Ledocteur n’avait-il pas dit, quelques instants auparavant, qu’ilfallait éviter à la vieille dame les moindresémotions ?

Ellevenait d’avoir deux crises cardiaques coup sur coup ; ilne lui en fallait pas une troisième !

Or,en l’espace de quelques secondes, Fandor avait envisagétout cela dans son esprit…

Sansquitter Fantômas du regard, il s’approcha de lui.

Lesdeux hommes se considéraient fixement. Mme Rambertles regardait, les enveloppant tous deux d’une mêmeexpression de tendresse et de félicité…

— MonDieu ! Mon Dieu ! balbutia-t-elle, vous m’avez donnébien des souffrances au cours de ma triste vie, mais je vousremercie, car désormais je suis heureuse, oui, bien heureuse,d’avoir à la fois retrouvé mon fils et mon mari !

SiFandor ne bougeait pas, dissimulant à grand’peine letremblement nerveux qui l’agitait, Fantômas demeuraitimmobile, les bras croisés…

Cettesituation, cependant, ne pouvait se prolonger, et Mme Rambertcommençait, d’ailleurs, à s’en étonner.

— Ehbien ? interrogeait-elle, regardant alternativement Fantômaset Fandor, me suis-je donc mal expliquée ? N’avez-vouspas compris ? Qu’y a-t-il donc entre vous ?

» Moncher mari, pourquoi n’embrassez-vous pas votre enfant ?Mon fils pourquoi n’es-tu pas dans les bras de ton père ?

Fandorcomprit que c’était l’instant suprême. Il nepouvait plus reculer, il fallait adopter un parti, quel qu’ilfût…

Lejournaliste blêmit. Il considéra successivement sa mère,puis Fantômas.

— Non !non ! pensa-t-il fermement, je ne veux pas qu’elle meure,je ferai tout pour la sauver !

AlorsFandor tendit sa main ouverte à Fantômas, Fantômasprit la main de Fandor ! Puis les deux hommes se rapprochèrentet devant Mme Rambert qui les considérait avecdes yeux mouillés de larmes, ils s’étreignirent,poitrine contre poitrine, haletants tous les deux, sans proférerune parole !

… Pourne point faire du mal à sa mère, Fandor avait embrasséFantômas !

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