Le Cadavre Geant (Гигантский кадавр) - Страница 92

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Mme Rambertlevait les yeux au ciel, elle soupira profondément.

— Monexistence, fit-elle, a été terrible, affreuse. Tusauras tout ce que j’ai souffert. Mais peu importe, du momentque je te retrouve, que tu es vivant, que tu es beau, et que tu esdigne de ton nom. Car je sais, Jérôme Fandor,articulait-elle avec un sourire, que tu es un héros !

Hélas !Mme Rambert pâlissait soudain.

Elleportait les mains à sa poitrine.

— Mamère… ma mère, interrogeait Fandor alarmé,qu’avez-vous donc ?

Mme Rambertbalbutiait quelques paroles inintelligibles, puis, exhalant unelégère plainte, elle retombait en arrière.

— MonDieu ! hurla le journaliste…

Et,dès lors ses yeux s’écarquillaient, ses cheveuxse dressaient d’épouvante sur sa tête.

Ilse précipitait vers sa mère inerte.

Illui tâtait le pouls.

— Elleest évanouie ! Que faire ?

Surun guéridon voisin du lit, Fandor aperçut uneordonnance de médecin.

Ilregardait l’ordonnance, voyait un numéro de téléphone.Le journaliste cherchait autour de lui. Encore qu’il fûteffroyablement troublé, il ne perdait point son sang-froid, ildécouvrait un appareil téléphonique àl’extrémité de la pièce ; il décrochale récepteur :

— Le7, donnez-moi le 7, à Domène ! demanda-t-il.

C’étaitle numéro qu’il avait vu sur l’ordonnance.

Onrépondait presque aussitôt.

— Allô !c’est vous, docteur ? fit Fandor.

Unevoix inconnue du journaliste répondit, à l’autrebout du fil :

— C’estmoi. Qui m’appelle ?

— Venezd’urgence, hurla Fandor, chez Mme Rambert…

Maisle journaliste se reprenait :

— Jeveux dire chez Mme Verdon !…

— Ehbien, docteur ?

— Ehbien, monsieur, ce ne sera rien. Mais cependant la situation estgrave ; depuis quelques jours, Mme Verdon, quiest d’une santé délicate et qui supporte mal lesémotions, vient d’avoir son existence singulièrementtroublée, par le fait de diverses allées et venues depersonnes étrangères dans sa maison.

» Jen’ai pas à juger l’attitude de Mme Verdonqui reçoit qui elle veut, mais j’estime que cetteagitation lui est très nuisible.

» Voilàla deuxième crise cardiaque dont elle est victime en deuxjours, et il ne faut pas qu’une troisième survienne.Puisque vous êtes de sa famille, monsieur, je vous recommandele plus formellement de lui éviter la moindre émotion !

Ledocteur avait parlé au moment où il quittait la chambreà coucher de celle qu’il prenait pour Mme Verdon.L’interlocuteur auquel il s’adressait, et qui lereconduisait en silence jusqu’au bas de l’escalier,c’était Fandor.

Lejournaliste remonta lentement vers sa mère ; il soupiraprofondément.

— Cedocteur vient de la sauver, fit-il, mais je me rends compte qu’ildit vrai et que la moindre émotion pourrait la tuer.

» MonDieu ! mon Dieu ! faites qu’il ne survienne rien quisoit de nature à lui faire du mal !

Lejournaliste, non sans inquiétude, songeait à l’avenir !

Ilrentra dans la chambre, Mme Rambert, désormaisremise de sa crise, lui souriait tendrement.

— Monenfant, dit-elle d’une voix reposée, presque joyeuse, unbonheur n’arrive jamais tout seul, tu viens de m’êtrerendu ; or, je viens d’entendre le bruit des grelots d’unevoiture qui m’est familière, et qui ramènequelqu’un que j’aime, que tu aimes également…

Fandorfrissonna sans comprendre.

Mme Rambertlui annonçait :

— Charles,mon enfant, dans un instant tu vas…

Mme Ramberts’arrêtait de parler mais ses yeux se tournaientinstinctivement dans la direction de la porte qui venait de s’ouvrir.

Mme Rambert,dont le visage s’animait et se colorait par moments, regardaitégalement dans la direction de l’entrée.

Laporte de la chambre qui s’était ouverte, quelquesinstants après l’arrivée de la voiture, livraitpassage à un homme aux épaules voûtées, àla grande barbe blanche, que Fandor au premier abord, estimait nepoint connaître.

Cepersonnage, qui s’avançait, s’arrêta net, enapercevant le journaliste et parut tressaillir.

Toutefois,après ce court moment d’hésitation, il continua àse rapprocher du lit dans lequel était étendueMme Rambert.

Fandorregardait, interloqué, l’homme qui s’avançait.

Mme Rambertprit la main de son fils, et l’attirant auprès d’elle,murmura à son oreille :

— Moncher enfant, je te disais bien, tout à l’heure, qu’unbonheur ne vient jamais seul ! Certes, tu ne connais et tu n’aspas de raison de connaître M. le professeur Marcus, savantgéologue qui passe aux yeux de tous pour être lepensionnaire de Mme Verdon…

» Mais,de même que tu sais que Mme Verdon n’estautre que ta mère, Mme Rambert, le professeurMarcus obligé, pour des raisons que je t’expliqueraiplus tard, de dissimuler ici provisoirement sa personnalité…ce n’est autre, mon cher enfant, que ton père, ton cherpère !

Fandorqui s’était agenouillé au chevet de sa mère,se releva brusquement…

Sesyeux hagards fixaient Mme Rambert, avec uneexpression de stupeur terrifiée.

— Monpère ?… balbutia Fandor, vous dites que c’estmon père ?

Etdès lors le journaliste se demandait s’il n’étaitpas définitivement devenu fou, s’il ne perdait point latête ou alors s’il ne vivait pas un cauchemar affreux, ets’il n’était pas tombé dans un guet-apensépouvantable dont sa mère était la complice oualors la victime…

Fandor,instinctivement, mettait la main sur la crosse de son revolver qu’ilsentait dans sa poche, ses doigts se crispaient sur l’armetoute prête, puis son regard lentement se fixa sur l’hommeque sa mère venait de lui désigner comme étantson père… alors qu’il savait que son pèreétait mort !

Lejournaliste regardait ce vieillard des pieds à la tête.

Illui trouvait malgré son air humble, une silhouette robuste, unaspect autoritaire et impérieux.

Lesyeux noirs vifs et cruels brillaient dans l’encadrement clairdes sourcils et de la barbe blanche.

Oh !Fandor avait l’habitude de ces sortes de physionomies et sur cepoint nul ne pouvait le tromper. Ce n’était pas unvieillard qu’il avait en face de lui, c’était unhomme dans la force de l’âge. Quelqu’un habilementmaquillé, quelqu’un qui, malgré l’apparencefrêle et vieillotte qu’il voulait se donner, étaitun homme robuste, solide et puissant.

Mme Rambertcependant, de sa voix douce, répéta lentement.

— Charles !…Jérôme Fandor !… Mon petit Charles !…N’as-tu donc pas entendu ce que je viens de te dire ? Necomprends-tu pas que c’est ton père, qui se trouve enface de toi ?

Lejournaliste poussait un cri rauque, et bondissait en avant.

Soudain,le voile s’était déchiré, la lumières’était faite dans son esprit. Instinctivement, ilallait sortir son revolver de sa poche, et tirer à boutportant, sur le mystérieux personnage qui lui faisait face.

Enmême temps, d’ailleurs, Fandor se rendait compte quel’homme qui passait pour être le professeur Marcus neperdait pas un seul de ses mouvements.

Etsi Fandor avait porté la main à sa poche dans le butd’y prendre son revolver, il apparaissait que le faux vieillardavait fait de même, et nourrissait la même intention.

Fandorcependant était devenu livide, une sourde colère luimontait au cerveau et, après avoir proféré cecri qui exprimait toute sa surprise et toute son angoisse, ilcommença, les dents serrées :

— Fant…

Maisil s’arrêta !

— Fantômas !allait dire Fandor.

Lejournaliste, en effet, avait reconnu le Génie du crime, le Roide l’effroi, qui se trouvait en face de lui et qui jouaitdésormais le rôle le plus odieux qu’il soitpossible d’imaginer.

Fantômasqui avait choisi pour dupe de cette ignominie, pour victime de sesturpitudes, la femme que Fandor devait chérir et respecter leplus au monde, Mme Rambert, sa mère !

Oh !désormais le journaliste était résolu ! Ilne se passerait pas une minute de plus que la tragique poursuite àlaquelle il se livrait, depuis des années contre Fantômas,ait sa solution !

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