Le Cadavre Geant (Гигантский кадавр) - Страница 89

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Or,une demi-heure à peine après la violente altercation duGénie du crime avec le notaire Gauvin, un quart d’heureaprès le moment où celui-ci avait étéligoté par le Bedeau, sur les ordres du bandit, les grelotsdes chevaux avaient retenti dans la nuit et le véhicule étaitvenu se ranger devant le perron de la demeure que l’ondésignait communément dans le pays pour être lamaison de Mme Verdon.

Dèslors, la porte de la propriété s’ouvrait, deuxhommes drapés dans les manteaux noirs apparaissaient, portantun corps ligoté, qu’ils jetaient dans le véhicule.

Lesdeux hommes y montaient également ; l’un d’euxdisait au cocher :

— Conduis-nousà Sassenage et vivement !

Leschevaux, sollicités d’un violent coup de fouet,démarraient en bondissant.

Quelquesinstants avant, dans l’intervalle du temps qui s’étaitpassé entre le ficelage de Gauvin et le départ de lavoiture, Fantômas était remonté auprès deMme Rambert.

Lebandit était dans une violente colère, mais ildissimulait ses sentiments dès lors qu’il étaiten face de la vieille dame.

Etde ce ton doucereux et aimable qu’il savait si bien prendrepour donner le change et duper les gens, Fantômas avait déclaréà Mme Rambert :

— Excusez-moide vous quitter subitement, j’espérais passer la nuit àvotre chevet, la chose est malheureusement impossible. Je viensd’avoir une importante conversation avec le notaire Gauvin, ilen résulte que j’ai diverses pièces àsigner avant de pouvoir entrer en possession de la fortune dont vousêtes propriétaire, mais que vous me transmettez, pourque je puisse sauver Jérôme Fandor.

» Jepars à l’instant, dormez tranquille… et soyezassurée que, vu mon activité, notre enfant ne courtaucun danger !

Fantômass’était éclipsé sans écouter lesremerciements que lui prodiguait Mme Rambert,laquelle, quelques instants après, s’assoupissaitheureuse d’avoir, du moins elle le croyait, retrouvé soncher mari Étienne Rambert, confiante dans l’avenir,confiante dans le lendemain qui allait être une journéebénie pour elle, puisqu’elle allait enfin revoir sonfils !

Lavoiture cependant traversait Grenoble à toute allure, puis, àl’extrémité de la ville, après avoirfranchi le pont suspendu qui réunit les deux rives du Drac,elle s’engageait sur la route de Sassenage.

Il yavait, à l’intérieur du véhicule, les deuxhommes drapés de manteaux noirs, et au milieu d’eux, unmalheureux être ligoté si étroitement, qu’ilne pouvait faire un mouvement.

Ilne pouvait également prononcer une parole, ayant un bâillonserré sur les lèvres.

Lesdeux gardiens de ce prisonnier, c’étaient Fantômaset le Bedeau ; le prisonnier ligoté n’étaitautre que Gauvin, le notaire.

Aubout d’une vingtaine de minutes, le véhicule qui avaitralenti sa marche, car il montait une rampe fort abrupte, s’arrêtasur le bord du chemin.

— Allons !ordonna Fantômas qui jusqu’alors n’avait pasprononcé une parole, descends, Gauvin !

Etcomme le malheureux ne pouvait pas bouger, Fantômas faisait unsigne au Bedeau, qui, d’un coup sec de la lame de son couteau,tranchait les liens qui empêchaient le notaire de marcher.

Celui-cidescendit ou pour mieux dire, tomba hors de la voiture.

Iltrébuchait, en effet, il s’écorcha les genoux surles pierres du chemin.

Fantômasraillait :

— As-tudonc si peur, Gauvin, fit-il, que tu ne peux mettre un pied devantl’autre ?

Lemalheureux notaire était livide. Fantômas dénouale bâillon qui maintenait ses lèvres closes.

— Etmaintenant, dit-il, en sortant son revolver pour interdire àGauvin toute velléité de fuite, marche devant moi !

Lenotaire, en titubant d’épouvante, faisait quelques pas.

Ils’arrêta soudain, face à la montagne.

— Oùdois-je aller ? demanda-t-il, d’une voix qui tremblait.

Cellede Fantômas retentit plus tonitruante, plus ironique quejamais.

— Tule vois bien, droit devant toi !

DevantGauvin se trouvait, percée dans la montagne, une sorte decavité obscure, d’où provenaient des rumeursétranges.

Onétait à l’entrée des fameux souterrainsconnus sous le nom de Cuves de Sassenage.

Parun petit orifice haut de quatre-vingts centimètres et larged’autant on pouvait s’introduire dans une sorte de grottesouterraine constituée par un long couloir insinueux, bordé,de part et d’autre, d’énormes roches, jetéeslà comme dans un chaos, et sans cesse semblait-il, sur lepoint de choir les unes sur les autres.

Gauvineut un sursaut d’épouvante.

— Faut-ildonc que j’entre là ? demanda-t-il.

Et,instinctivement, il faisait un pas en arrière.

MaisFantômas le poussait d’un coup de pied dans les reins.

— Avancedonc ! ordonna-t-il. Depuis quand se permet-on de discuter lesordres de Fantômas ?

Lebandit sortait une lanterne électrique de sa poche, dont iltournait le commutateur ; des rayons lumineux et blafardséclairèrent l’intérieur de la grotte.

Ils’agissait de descendre d’innombrables degrés,formés par des pierres roulantes.

Gauvins’avança, les jambes fléchissant, la têtecourbée pour ne point se heurter à la voûte trèsbasse du souterrain. Fantômas était derrière lui,l’incitant à marcher plus vite, toujours plus vite.

Àun moment donné, le notaire dut se mettre à plat-ventrepour passer sous une roche ; Fantômas le suivit, le Bedeauvenait par derrière.

Aprèsavoir franchi cet étroit passage, les trois hommes parvenaientdans une sorte de cirque beaucoup plus large, beaucoup plus élevéque le reste du souterrain.

C’étaitune immense salle aux allures de nef d’église, dont lesparois étaient formées par des roches aux couleurschatoyantes, passant du vert sombre au rouge le plus vif.

Il yfaisait un froid terrible et, par le milieu, le sol tourmentéde cette salle était coupé d’un torrenttumultueux qui roulait des ondes aux panaches blancs, jusque dans lesprofondeurs d’un insondable précipice.

Lalampe électrique de Fantômas projetait sa lumièreblafarde tout alentour, et celle-ci se réfléchissaitsur les murailles, donnant à l’intérieur de lagrande salle souterraine une éblouissante clarté.

Dèslors Fantômas donnait sa lampe à tenir au Bedeau.

Puis,s’approchant du notaire, et les bras croisés, l’œilfarouche, il interrogea.

— Gauvin,il dépend de toi, désormais, de vivre ou de mourir !

— Ah !vivre ! À n’importe quel prix ! articulafaiblement le notaire.

Fantômashaussa les épaules.

— Lesmots ne servent à rien, et je sais que les promesses humainessont fallacieuses ; il s’agit de me dire si oui ou non tupeux me livrer la fortune de Mme Verdon ?

Unelueur d’espoir brilla dans les yeux terrifiés dunotaire.

— Jepuis le faire, articula-t-il ; à la condition que vousm’aidiez, Fantômas. Cette fortune est chez moi, il nes’agit plus que de la prendre…

— Parbleu !s’écria Fantômas en ricanant d’un airsinistre.

Puisil ajoutait, imitant la voix tremblante du notaire :

— Cettefortune est chez toi, il ne s’agit plus que de la prendre !Faut-il la prendre ? Qui donc la détient à l’heureactuelle ?

— Juve !balbutia imperceptiblement le notaire.

Fantômasfronça le sourcil.

— C’estdonc vrai ? Bien vrai ? dit-il. Tu as donné àJuve la garde de ce trésor ?

Lenotaire protesta énergiquement :

— C’estJuve qui s’en est emparé, Fantômas, et je nesongeais en aucune façon à lui confier cet argent !

— Jel’entends bien ainsi, répliqua le bandit, mais en toutétat de cause, j’étais volé, moi. Car, siJuve n’avait point pris la fortune de Mme Verdon,c’est toi qui t’en allais avec. Est-ce exact ?

Lenotaire se rendait compte qu’il n’y avait pas moyen denier, que Fantômas comprenait ce qui s’étaitpassé, et qu’il savait la vérité…la vérité tout entière !

Etdès lors il tomba à genoux, terrifié, devinantqu’il allait subir la vengeance du Maître de l’effroi,et que cette vengeance allait être terrible.

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