Le Cadavre Geant (Гигантский кадавр) - Страница 87

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Ledomestique, que l’on autorisait à entrer annonçait :

— Me Gauvin !

Cenom produisait sur les deux personnes devant lesquelles il étaitprononcé une impression bien différente.

Soudainle visage de Mme Rambert s’étaitrasséréné.

— Ah !fit-elle, en jetant un regard affectueux à Fantômas, jecomprends maintenant ce que vous avait fait tout à l’heure ;vous avez fait prévenir le notaire de venir ici d’urgence,pour nous apporter mon argent pour que vous puissiez courir etlibérer Fandor.

— Effectivement,déclara Fantômas, qui ne voulait point contrarier lavieille dame, mais que gênait considérablement l’arrivéeinopinée du notaire.

— Quepeut-il bien vouloir ? pensait-il, et que peut bien venir fairecet homme à une heure pareille chez Mme Verdon ?

Lamère de Fandor, malgré sa fatigue et sa faiblesse, sesoulevait de son fauteuil pour répondre au domestique :

— Ilva falloir faire monter Me Gauvin.

Fantômassursauta :

— Non,non ! cria-t-il.

Puis,trouvant sans doute que sa protestation était trop violente,il reprit sur un ton aimable et doucereux :

— Croyez-moi,chère amie, n’en faites rien. Vous êtes bien tropsouffrante et fatiguée ; restez dans votre chambre,tandis que je vais aller moi-même trouver le notaire etm’entendre avec lui. Il s’agit sans doute de quelqueformalité, de signature à donner, en échange del’argent qu’il me remettra, et puisque vous m’avezdonné plein pouvoir cet après-midi, il est bien justeque je vous débarrasse du souci de la gestion de votrefortune.

Mme Rambert,qui avait essayé de se soulever, retombait épuiséedans son fauteuil.

— Monbon ami, fit-elle, j’accepte volontiers votre proposition.Comme vous le dites ces émotions m’ont brisée, etil est raisonnable que je prenne un peu de repos. Je sens que demainje serai forte et vaillante. Au surplus, le ciel ne voudrait pas queje sois malade, lorsque mon fils me reviendra, pour que je puisse leserrer dans mes bras, l’étreindre sur ma poitrine…

Leregard de la vieille dame s’illuminait à cette idée,un sourire extasié erra sur ses lèvres tremblantes…

Fantômas,cependant, venait de quitter la pièce dans laquelle il setenait avec Mme Rambert.

Surle palier de l’escalier, avant de descendre rejoindre levisiteur, il attira par le bras le domestique :

— Ehbien ? dit Fantômas. Qu’est-ce que c’estencore que ce notaire ? Sais-tu ce qu’il nous veut ?

— Non,patron. Il a demandé simplement après Mme Verdon.Il doit venir raconter quelque chose de grave, car il a l’airplutôt retourné !

— LeBedeau, articula Fantômas, ouvre l’œil et le bon !Tiens-toi aux écoutes, prêt à agir s’il lefaut. Je ne sais pas du tout ce que va dire ce notaire, mais il fautqu’en tout cas nous réussissions. Compris, pas vrai ?…

— Compris,patron.

Fantômas,désormais, descendait l’escalier ; le serviteurqu’il avait appelé le Bedeau se trouvait àquelques pas derrière.

LeBedeau ?

Cettesinistre figure d’apache, cette silhouette tragique decriminel, on la retrouvait encore, comme toujours, dans le sillage deFantômas, sans cesse à la dévotion du bandit.

Fantômasprenait toujours ses précautions.

Etdu jour où il avait décidé d’établirprovisoirement son quartier général chez Mme Rambert,dont il avait découvert l’identité, il avait dumême coup fait venir quelques-uns de ses complices, qu’ils’arrangeait aussitôt pour faire embaucher dans lamaison.

C’estainsi que, depuis quarante-huit heures, le Bedeau tenait chezMme Rambert l’emploi de domestique !

Fantômas,cependant, descendait ; il entra dans le salon oùattendait Gauvin.

Lejeune homme parut stupéfait de voir s’avancer vers luiun vieillard à la longue barbe blanche, dont il ne soupçonnaitpas l’existence à Domène, et qu’il ignoraitencore plus habiter chez Mme Verdon.

Gauvin,qui arrivait, l’âme bourrelée, l’esprit endésordre, qui haletait encore d’émotion et deterreur, ne savait que dire à cet inconnu.

Ils’inclina cependant devant lui, le saluant avec le respect quedoit à tout vieillard un jeune homme.

Fantômasle regardait avec curiosité ; il retrouvait en effet,après quelques années, le fils de l’une de sesvictimes, le petit Gauvin qu’il avait jadis connu, et dontl’amour pour l’infortunée Mme Ricardavait failli contrecarrer un moment les sinistres projets du Géniedu crime.

— MaîtreGauvin, je crois ? interrogea Fantômas, affectant deprendre une voix tremblotante et cassée.

— C’estmoi, en effet, monsieur, déclara le jeune homme, s’efforçantde paraître calme et de dissimuler son émotion.

— Vousattendez Mme Verdon ? demanda encore Fantômas.

— Oui,monsieur, fit simplement le notaire.

Il yeut un silence ; les deux hommes s’observaient. Fantômasreprit :

— Mme Verdonest très souffrante en ce moment, et me charge de l’excuserauprès de vous, monsieur. Elle est dans l’impossibilitéde vous recevoir.

Gauvintressaillit, un pli barra son front.

Cespropos semblaient le désespérer, il reprit cependantles dents serrées, la voix rauque :

— Ilfaudrait cependant que je puisse la voir, monsieur ; ce que j’aià lui dire est d’une importance considérable, etne permet pas que l’on attende un instant.

— C’estdonc bien grave, monsieur ?

— Trèsgrave, oui, monsieur.

Fantômasun instant hésitait.

Brusquementsa résolution fut prise.

Ilsortit de sa poche les documents qu’avaient signésMme Verdon, quelques instants auparavant. Il lesmontrait au notaire.

— Veuillezparler, dit-il, monsieur, vous voyez que je suis autorisé parMme Verdon à me substituer à elle.

Gauvin,assez étonné de cette déclaration, prenaitconnaissance du document écrit par la vieille dame :

Jesoussignée donne plein pouvoir, en tout ce qui concerne lagestion de ma fortune, à M. Étienne Rambert,porteur de ce document, que je signe de mon plein gré…

Gauvins’arrêtait de lire, et ses yeux se fixèrent dansle regard de Fantômas.

Toutefois,il n’articulait pas une parole.

— Ehbien ? interrogea le bandit, j’imagine qu’aprèscela vous pouvez parler ?

Gauvinétait très pâle, il passa sa main sur son frontcomme s’il s’arrachait d’un rêve, et, sansrépondre à la question qui lui était posée,il demanda :

— Vousêtes M. Étienne Rambert ?

— Oui,monsieur, fit audacieusement Fantômas.

Maisalors ce fut au tour du bandit de tressaillir.

Lejeune homme en effet hochait la tête, et posément ilarticula :

— Non,monsieur !

— Plaît-il ?grogna Fantômas.

— Jedis, répéta Gauvin, que vous n’êtes pasM. Étienne Rambert !

— Pourquoicela, je vous prie ?

Gauvinavait reculé de deux pas, comme s’il était prissoudain d’une crainte subite, puis il articula presque malgrélui comme s’il lui était impossible de ne pas dire cequ’il pensait :

— Parceque M. Étienne Rambert est mort il y a déjàde cela plus d’un mois !

— Ah !misérable ! hurla une voix.

C’étaitFantômas dont la colère éclatait.

Lebandit n’avait pas songé que peut-être le notaireGauvin était au courant de la mort en effet survenue àAmsterdam, du malheureux M. Étienne Rambert.

Fantômas,en entendant Gauvin, apprenait désormais que celui-ci étaitau courant.

Ohparbleu ! Fantômas était un imbécile de nepas l’avoir deviné plus tôt. Il se le disaitdésormais et se le reprochait.

Fantômas,en effet, n’était pas sans savoir que, au sujet ducadavre de Daniel, Juve avait eu de longs entretiens avec le notaire.C’était certainement au cours de ces entretiens queGauvin avait appris la mort de M. Étienne Rambert.

— Allons !allons ! se dit Fantômas, il est inutile de continuer àdissimuler, et au surplus j’aime autant cela !

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