Lassassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам) - Страница 79

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— Et j’imagine que vous êtes, ce qui mieux est, décidée à m’obéir ?

Hélène rougit.

Elle, la fille hautaine, fière, autoritaire, qui ne se courbait devant personne, avait été réduite à baisser la tête, et, au lieu de répondre comme il le méritait au jeune acteur, elle avait gardé le silence.

— Reconnaissez-le donc, je ferais trembler Fantômas lui-même.

Et il semblait si énergique, si décidé en proférant ces audacieuses paroles, qu’Hélène, anxieuse, avait demandé :

— Ah dites-moi, de grâce… Quel homme êtes-vous ?

Le mystérieux comédien ne répondit point. Mais il ne pouvait s’empêcher de se souvenir que, quelques heures auparavant, une autre femme, avec laquelle il se trouvait en tête-à-tête, Sarah, la jolie Américaine, lui avait demandé sur le même ton de mortelle angoisse.

— Quel homme êtes-vous ?

Pas plus qu’à Sarah Gordon, Dick ne répondit à Hélène, mais, avançant un siège, il le désigna à la jeune fille, puis, cependant qu’il restait debout, les bras croisés devant son interlocutrice, il commença d’une voix résolue :

— Écoutez, mademoiselle, voici quels sont mes désirs, et sous peine des plus grandes catastrophes, je vous engage vivement à les considérer comme des ordres. Retenez bien ce que je vais vous dire. Suivez à la lettre mes recommandations.

— Parlez, monsieur, murmura Hélène, toute tremblante.

26 – SURPRENANTES RENCONTRES

Dick parti, Sarah avait passé par de terribles perplexités car, ainsi qu’elle l’avait dit, la jeune femme était très éprise de l’acteur, elle se sentait fort troublée par l’étrange attitude qu’il venait d’avoir.

Devait-elle partir en Amérique ainsi qu’elle en avait manifesté l’intention ? Devait-elle, au contraire, céder aux supplications du jeune homme et retarder son départ, attendre qu’il fût libre de s’en aller avec elle ?

Sarah, en digne Américaine qu’elle était, possédait un caractère ombrageux et supportait mal la contradiction.

Elle s’était d’abord imaginé que Dick accepterait avec enthousiasme le projet de voyage qu’elle comptait lui soumettre, et elle n’en était que plus affectée par les résistances imprévues du bel acteur.

— Que veut-il dire avec tous ces mystères ? songeait-elle. Pourquoi ne point partir maintenant ? Pourquoi attendre ? Attendre quoi ?

Mais à toutes les interrogations anxieuses qu’elle pouvait se poser, Sarah ne trouvait point de réponse.

D’ailleurs, encore qu’elle eût fait l’audacieuse, elle éprouvait une secrète jalousie à l’égard de Dick qui n’était point sans augmenter le malaise moral dont elle souffrait.

— Pourquoi a-t-il eu l’air si ému de la mort de cette Rose Coutureau ? songeait Sarah.

Puis l’Américaine se répétait :

— Je sais bien qu’il m’aime et qu’il n’aime que moi.

Mais elle avait beau se répéter cette assurance, elle avait beau s’affirmer qu’elle n’était pas inquiète, Dick l’avait troublée avec ses paroles et lui était impossible d’oublier qu’il avait parlé de venger une femme, cette jeune fille tuée la veille par Fantômas.

Fort énervée, fort chagrine en tout cas, Sarah ne savait plus à quel parti s’arrêter.

— Je l’aime, je ne vais pas partir, murmurait-elle par moments.

Puis, quelques secondes après, elle secouait la tête, fronçait ses fins sourcils, tapait du pied :

— Tant pis pour lui ! disait Sarah. Je l’ai prévenu que je partais, je lui ai offert de m’accompagner, libre à lui de venir ou de ne pas venir, je serai sur le transatlantique samedi prochain.

Et, dans ces moments de résolution, Sarah commença avec rage ses préparatifs de départ, bouscula ses malles, rassembla ses affaires, sonna la femme de chambre qu’elle renvoya quelques minutes plus tard, ayant à nouveau décidé de patienter et d’attendre que Dick eût bien voulu lui expliquer son étrange attitude.

Or, tout le temps que Sarah hésitait de la sorte, c’est-à-dire le matin, puis, l’après-midi, puis encore l’après-dîner, car la jeune femme remonta immédiatement dans sa chambre après la fin du repas, Sarah resta seule. À tous moments elle avait besoin de domestiques et, certes, elle ne soupçonnait pas que ces gens, dont elle réclamait les services par leur présence continuelle, éloignaient un maître d’hôtel dont l’apparence correcte et banale servait à dissimuler le redoutable Fantômas.

Fantômas, en effet, rôdait continuellement au Lac Palace.

Il n’avait pas abandonné son sinistre projet de tuer la riche Américaine, mais les circonstances, pour une fois, le desservaient et il lui était impossible d’exécuter ses desseins.

À dix heures, cependant, comme l’hôtel s’emplissait des allées et venues des élégants et des élégantes qui se rendaient au Casino voisin, le portier frappait à la porte de la chambre de Sarah.

— Entrez ! commanda la jeune femme.

— Mademoiselle, déclarait le domestique en se découvrant et en prenant un ton des plus respectueux, il y a une personne qui désire entretenir madame.

— Une personne ? répondit Sarah.

Elle eut à ce moment un grand battement de cœur, elle pâlit, car elle pensait deviner qui pouvait être cette personne.

— C’est Dick ! se disait Sarah. À coup sûr, il s’est ravisé, il vient m’avertir qu’il part avec moi.

Mais avant même que la jeune femme eût achevé de penser cela, le portier précisait :

— Mademoiselle, c’est une dame. Elle affirme que madame ne la connaît pas, mais elle a insisté pour que madame la reçoive, disant qu’elle venait faire une commission urgente.

— Faites entrer cette jeune femme.

Sarah avait été quelque peu déçue en apprenant que ce n’était point Dick qui venait la voir, mais elle se consola en songeant qu’il s’agissait certainement d’une messagère du jeune artiste et que la commission qui lui serait faite devait venir de Dick.

Quelques secondes plus tard, le heurt familier de l’ascenseur avertissait Sarah que sa visiteuse arrivait au palier de son étage. On frappait encore à sa porte et, à son invitation, une jeune femme pénétrait auprès d’elle.

Sarah dévisageait l’arrivante avec une émotion qu’elle dissimulait mal.

Elle était en face d’une jolie personne, belle, d’une fraîche beauté, toute jeune encore et dont le visage avait quelque chose de séduisant et d’intrigant à la fois.

La timidité se peignait sur ses traits et cependant ses yeux avaient une étrange énergie, elle semblait décidée et hésitante. Elle était simplement mise, elle était très distinguée.

— Vous demandez à me parler, mademoiselle ? s’informa Sarah.

— Oui, mademoiselle.

— Vous venez me faire une commission ?

— Oui, mademoiselle.

La voix de la visiteuse était sympathique, bien timbrée. Elle ne tremblait pas et cependant Sarah croyait deviner en elle comme une légère hésitation.

— Eh bien, mademoiselle, je vous écoute, répétait Sarah. Qui vous envoie vers moi ?

La visiteuse, cette fois, ne répondit pas tout de suite.

Elle réfléchit quelques secondes ; un pli lui barrait le front d’une ride soucieuse et c’est d’une voix basse, anxieuse, qu’elle se décida enfin à reprendre la parole :

— Mademoiselle, dit la jeune fille en regardant Sarah bien en face, comme si elle eût cherché à lire les sentiments de l’Américaine au fond des prunelles changeantes, mademoiselle, je viens vous faire une commission grave, et je vous prie de m’accorder toute votre attention.

— Mais mademoiselle, faisait-elle, je vous écoute très attentivement. Voulez-vous vous asseoir ?

Elle offrit un siège. Elle-même s’assit, mais la jeune fille demeura debout :

— Mademoiselle, reprit-elle, il va falloir me répondre en toute franchise. Aimez-vous l’acteur Dick ?

À ce nom, ce nom qu’elle attendait, Sarah qui s’était assise, se releva brusquement.

Sa nature impétueuse se donna libre cours :

— Qui donc êtes-vous, mademoiselle, pour vous permettre une pareille question ? demanda Sarah âprement. Ceci ne regarde que moi, je suppose, et, tout au plus, le jeune homme que vous venez de nommer.

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