Lassassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам) - Страница 68

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Fandor tomba à la renverse, à demi assommé, étouffé.

— Cette fois…, commença-t-il.

Puis, il ferma les yeux, des bourdonnements lui emplirent les oreilles, la douleur du coup l’empêchait de respirer. Il songea qu’il était mort, qu’il n’en valait guère mieux, en tout cas.

Trois minutes plus tard, Jérôme Fandor reprenait connaissance, il se rendait compte alors qu’il était couché sur le sol, le visage tourné vers le parquet et que le moindre mouvement lui était interdit. Il était étroitement ligoté.

Il prêta l’oreille, il entendit des bruits de voix qui paraissaient provenir de l’antichambre.

***

Au moment où Jérôme Fandor tombait, renversé par la brusque attaque de l’homme à la cagoule, Rose Coutureau avait laissé échapper un grand cri.

La jeune fille était terrifiée par la scène étrange qui se déroulait sous ses yeux. Déjà fort émue par la visite de Jérôme Fandor, torturée par l’angoisse qu’elle avait ressentie en s’entendant affirmer que son père était en mortel danger, elle avait pensé défaillir de stupéfaction en voyant s’ouvrir la porte de la salle à manger, en voyant apparaître Fantômas.

À ce moment, Fandor avait tiré, puis, Fantômas s’élançait.

Rose hurlait encore que le Maître de l’Épouvante s’approcha d’elle, menaçant :

— Viens ! ordonna le bandit.

Rose sentit qu’on l’empoignait par le bras, que Fantômas l’entraînait vers l’antichambre.

— Parle, ordonna Fantômas, que faisais-tu avec cet homme ?

— J’ai peur, râla Rose Coutureau. Pitié, je n’ai rien fait !

— Que te disait-il ?

— Que vous aviez mon père, que vous alliez le tuer.

À cette déclaration, Fantômas, visiblement, tressaillit :

— Allons donc, c’est vraiment cela que Fandor te disait ?

— Oui, et c’est pourquoi je vous demande… Oh je vous supplie…

— Tais-toi !

Fantômas parut réfléchir, puis il reprit :

— Que te disait au juste Jérôme Fandor à mon sujet ? Réponds, ou sans cela…

Dans la main gantée de noir s’agita, la lame effilée d’un poignard se mut au-dessus de la tête de Rose Coutureau.

Rose Coutureau était tombée à genoux. Terrorisée, elle râla :

— Mais je vous ai tout dit, je ne sais rien de plus ! Jérôme Fandor m’affirmait que vous me vouliez du mal, je lui soutenais le contraire, il ne croyait pas que vous m’aviez sauvée, et puis il me parlait de papa, de mon pauvre père…

— L’imbécile…

Fantômas venait d’éclater de rire. Il sembla hésiter un instant, puis il se pencha sur Rose Coutureau.

— Tu m’entends, ordonna-t-il, sous peine de mort, je te défends d’adresser une seule parole à Jérôme Fandor tout à l’heure. C’est compris, tu obéiras ? Tu te tairas ?

— Je me tairai.

Fantômas se releva.

Les fenêtres de l’antichambre dans laquelle il se trouvait communiquaient avec le toit, car l’appartement du père Coutureau était situé sous le zinc, à la hauteur des mansardes. Fantômas, d’un coup d’œil, terrifia encore la malheureuse Rose, puis ouvrit la fenêtre, posa le pied sur la gouttière et, comme il était venu, disparut.

Tout cela s’était fait si vite, il avait fallu si peu de temps à Fantômas pour interroger et terroriser la malheureuse Rose Coutureau, que celle-ci se relevait à peine, rentrait à peine dans la salle à manger, après que Jérôme Fandor fût revenu de son premier étourdissement.

Rose Coutureau était blême, livide.

Elle s’attendait à trouver Jérôme Fandor mort, elle ne savait pas au juste si Fantômas, au moment où il s’élançait sur le journaliste, ne lui avait point porté un coup de poignard.

Or, Jérôme Fandor, tout ligoté qu’il était, était déjà parvenu à se retourner, à s’asseoir sur son séant. Il accueillit l’arrivée de la jeune fille par une exclamation furieuse :

— Eh bien, il est propre, votre bienfaiteur ! Avez-vous compris, au moins, que c’était une sinistre crapule ? Mais ça ne fait rien, je l’ai démoli, je pense, il doit être blessé grièvement ?

Rose Coutureau ne répondit pas.

— Ah çà, continua Fandor, qu’est-ce que vous avez ? L’émotion vous a rendue muette ?

Il n’obtint pas davantage de réponse. Alors le journaliste s’emporta :

— Bougre de bon Dieu ! hurla-t-il. Si vous êtes la complice de Fantômas, dites-le-moi tout de suite, et si vous avez mission de me tuer, faites-le, mais dépêchez-vous !

Cette fois, Rose Coutureau, en dépit de sa promesse, répondit :

— Je ne suis pas la complice de Fantômas.

Mais ayant dit cela, elle parut épouvantée, et se tut de nouveau.

Jérôme Fandor, toutefois, comprenait de moins en moins ce qui se passait et ce qui pouvait motiver l’étrange attitude de la jeune fille :

— Alors, si vous n’êtes pas la complice de Fantômas, hurla le journaliste, aidez-moi à me délier. Si vous croyez que c’est agréable d’être réduit de cette façon à l’état de saucisson !

Sans un mot, toujours silencieuse, obstinément, Rose Coutureau s’empressa. Elle avait quelque peine à défaire les liens qui immobilisaient le malheureux Jérôme Fandor, mais cependant elle y parvenait. Peu après Jérôme Fandor était debout.

La secousse, toutefois, qui avait renversé le journaliste, avait été rude, Jérôme Fandor éprouvait quelque peine à s’en remettre.

Debout, il respira profondément à plusieurs reprises, dilatant ses poumons autant que cela lui était possible, puis, s’étant de la sorte assuré qu’il n’était pas mortellement blessé, en somme, il parut retrouver un peu de sa présence d’esprit.

Jérôme Fandor brusquement passa du calme à la fureur.

— Et alors, bon Dieu, jura-t-il en bondissant vers l’antichambre, où Fantômas a-t-il fichu le camp ?

Rose Coutureau avait accompagné le journaliste. La jeune fille marchait comme un automate, c’était comme un véritable automate qu’elle tendit le bras, montra le toit par où Fantômas s’était échappé.

Jérôme Fandor ne se méprit pas au geste :

— C’est par là que cette canaille s’est barrée, dit-il. Bon, très bien. J’imagine qu’il est maintenant absolument inutile d’essayer de le poursuivre, laissons cela. Dites donc, c’est lui qui vous a interdit de me répondre ?

Rose Coutureau hocha la tête affirmativement.

— Parfait. Dans ce cas, je ne vais pas éterniser la conversation, elle devient monotone.

Jérôme Fandor était presque disposé à s’en aller, pour aller prévenir Juve des aventures dont il venait d’être victime, lorsqu’il revint dans la salle à manger.

— Tout de même, dit-il en regardant Rose Coutureau dans les yeux, je suppose que vous avez bien vu si Fantômas était atteint. L’ai-je blessé ?

Imperceptiblement, la jeune fille hocha la tête négativement.

— Il ne saignait pas ? interrogea Fandor.

— Non.

— Bigre, reprenait-il, je lui avais bien pourtant envoyé mon marron en plein visage. Ça, c’est extraordinaire que je l’aie raté, de si près. Pourtant, s’il avait été touché…

Tout en causant, Jérôme Fandor inspecta les murs du logement, paraissant y chercher quelque chose.

— Ma balle a bien frappé quelque part, que diable ! Si elle n’est pas dans la tête de Fantômas, ce que je regrette infiniment, elle doit se trouver dans ce mur.

Et, de plus en plus soigneusement, Jérôme Fandor examina la muraille. Or soudain il poussa une exclamation :

— Çà, par exemple !

À la hauteur exacte où avait dû se trouver la tête de Fantômas, Jérôme Fandor venait de découvrir dans la cloison un petit trou rond dans lequel se trouvait encore la balle blindée de son revolver.

Mais ce n’était point cela qui était étonnant. Ce qui stupéfiait Fandor, c’est que la balle, en s’enfonçant dans la boiserie, avait entraîné avec elle une touffe de cheveux, arrachés probablement, forcément même à la chevelure du bandit.

Donc, le coup avait porté.

Et pourtant il n’y avait point de sang, les cheveux paraissaient avoir été arrachés, décollés sans qu’il y ait eu plaie à la tête.

— Je ne comprends pas, soliloqua Fandor, considérant toujours le trou de la boiserie. Si ma balle avait seulement effleuré la tête, elle n’aurait pas arraché de cheveux. Pour qu’il y ait des cheveux arrachés, il faut que la balle ait touché au moins le sommet du crâne. Dans ce cas, Fantômas aurait dû saigner abondamment et, de plus, je trouverais sous la balle des traces de sang.

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